Un peu d’histoire
1655-1666 : la construction
C’est entre 1655 et 1666 que la résidence d’été de Mgr de Neuville est construite sur l’ancien fief de la baronnerie de Montribloud dont il ne reste aucun vestige. Cette «maison aux cent fenêtres» est un château avec une façade principale et deux ailes avec des annexes pour servir de fermes. La façade est dirigée vers la ville de Neuville-sur-Saône et vers Romanèche (voir la grande allée). Le château est annexé au marquisat de Neuville (propriété de Mgr de Neuville). Le porche en plein cintre est surmonté d’un cartouche «nul n’est bien venu céans qu’il n’y soit appelé» avec le Blason des Neuville.
En 1680, Mgr de Neuville construisit l’église de Romanèche.
1693-1830 : Retraite à la campagne
Après la mort de Mgr de Neuville, le château aurait gardé sa fonction de «maison de campagne» des évêques de Lyon.
1830-1840 : la sucrerie
En 1830, Luce Guinchard (propriétaire de Sure à St André), Gabriel Greppo et Alexandre Baudin tentèrent de construire une sucrerie. «Confiants en la chaux dont ils attendaient des merveilles», ils firent de nombreuses expériences sur la culture de la betterave, des essais de fumier et de compost et introduisirent la luzerne et la pomme de terre.Mais ils ne produisirent pas assez de sucre pour être rentable. De plus des essais coûteux de la machine à battre à vapeur entrainèrent la ruine de Luce Guinchard qui quitta la Dombes…Suite à cela, M. Baudin démembra le domaine.
1840-1870 : L’Ecole d’Agriculture
1840 : à la suite des impulsions des «novateurs de la sucrerie», Césaire Nivière achète une partie du domaine, avec le soutien, entre autres, de la Société d’Agriculture de Trévoux pour en faire une ferme modèle.
1842 : fondation de l’Institut Agricole de la Saulsaie avec une douzaine d’élèves. L’institut s’oriente vers l’élevage parce que les terres sont froides et conviennent mieux à l’herbe. La Saulsaie étant représentative de la Dombes, elle pourra servir d’exemple et faire progresser l’agriculture locale. Les deux tiers des étangs sont desséchés d’où une nette amélioration sanitaire (début des travaux 22 jours de fièvre sur 100 jours de présence des ouvriers. Fin des travaux, un seul jour de fièvre pour 100 jours de présence).
1848 : l’Institut devient Ecole Régionale par arrêté ministériel aux frais et pour le compte de l’Etat (elle fait partie des trois établissements de ce genre en France). Ainsi Nivière et ses voisins louent à l’Etat leurs terrains, le mobilier et le matériel pour agrandir le domaine (467 ha d’un seul tenant = 5 km²). Nivière devient directeur, rémunéré par l’Etat.
Buts de l’Ecole :
- Former des agriculteurs éclairés, capables, après leurs études, de faire rendre au sol dont ils doivent être propriétaires, régisseurs ou fermiers, tous les fruits qu’une culture intelligente peut assurer.
- Faire comprendre que la culture des champs peut être le lot d’hommes intelligents, que cette industrie peut aussi bien que d’autres donner aux nobles ambitions satisfaction morale et intellectuelle en même temps que profit…
- Contribuer à combattre l’absentéisme des propriétaires de la Dombes et remédier à cet entraînement général des esprits qui porte vers les villes tout ce qu’il y a d’hommes capables et intelligents…
- Il comprend des cours d’économie et de législation rurale, d’agriculture, de zootechnie (économie du bétail), de génie rurale, de sylviculture et de botanique, de physique chimie, de sériciculture (culture du vers à soie)…et des instructions religieuses par l’aumônier qui demeure sur place…
- Il est théorique et pratique en même temps. «Chaque cours est toujours suivi d’une application raisonnée dirigée par le professeur. Les élèves, tout en étant occupés à des travaux modèles organisés pour eux, prennent une part réelle aux travaux de l’exploitation. L’ Ecole renferme des champs d’expérience, champ d’étude, jardin potager et verger, jardin botanique, pépinière, laboratoire de chimie, une bibliothèque de 3.000 volumes, des collections et modèles de toute espèce, une fabrique d’instruments aratoires, un bétail nombreux et varié, avec des races perfectionnées, un haras… Chaque professeur est secondé par un répétiteur exclusivement attaché à son cours…».
- Doivent avoir 16 ans accomplis, passer un examen d’admission, avoir un certificat du maire de sa résidence constatant qu’il est de bonnes vie et de mœurs, et un certificat médical attestant qu’il a été vacciné ou qu’il a eu la petite vérole.
- Sont obligatoirement internes.
- Restent 4 ans, soutenant tout le travail de la ferme de 4h du matin à 8h du soir.
- Ont droit à des bourses pour certains et à un mois de vacances, l’année scolaire commençant le 5 novembre, la durée des études étant de 3 ans. Prix de la pension 750 Fr par an.
- Seulement 40 élèves par promotion.
1851 : début de l’enseignement. Le cheptel s’accroît : «bestiaux par centaines, attelages de bœufs et de chevaux». Son jardin est décrit comme «le plus beau d’Europe»
1852 : construction de la Petite Chapelle à droite de l’entrée principale (l’actuelle salle foyer). L’Ecole reçoit le titre d’Ecole Impériale d’Agriculture. Nivière compare l’école à Polytechnique ou Centrale pour l’agriculture !
1853 : construction de deux autres grandes ailes accompagnant la façade opposée et d’un immense bâtiment (la ferme) permettant d’abriter 200 vaches et des chevaux. L’habitation du directeur est située à l’écart (l’actuel bâtiment 2 de la MFR de la Dombes). Nivière démissionne en 1853 de son poste de directeur. Il est remplacé par M.Pichat puis par M.Loeuillet.
19 avril 1867 : insurrection des élèves et décadence. Le sous-directeur aurait outrepassé ses fonctions en renvoyant un élève pour un motif mineur. Les élèves décidèrent donc de quitter l’établissement. D’après le rapport de gendarmerie, on sait que le Monsieur le Maire essaya vainement de les arrêter sur la route menant à Montluel. Le préfet, le sous-préfet, accompagné du juge de paix, se rendirent sur place. Les élèves réintégrèrent l’école après le renvoi du sous-directeur mais furent privés de sorties. Les élèves étaient-ils exploités ? Serviraient-ils de main d’œuvre à bon marché avec une vie monacale imposée ? De plus en plus de questions se posent d’autant plus que le coût élevé de chaque élève inquiète : on parle de 30.000 francs annuels ! Le nombre d’élèves (45 à ce moment là) par rapport à la taille du bâtiment est disproportionné. La présence des professeurs, des répétiteurs avec leurs épouses et leurs enfants gêne. Enfin, un litige concernant le prix de location des terres entre Nivière et l’Etat entraîne le retrait de celui-ci.
1870 : Guerre contre la Prusse. Les chevaux et la récolte sont réquisitionnés. Deux professeurs sont mobilisés. La propriété est dispersée en six domaines.
1872 : l’Ecole est transférée à Montpellier.
1879 : mort de M.Nivière enterré à Romanèche.
1887-1976 : Les frères des Ecoles chrétiennes
1887 : La Saulsaie est louée avec promesse de vente aux Frères des Ecoles Chrétiennes qui déjà, en 1843, venaient instruire les jeunes de l’Institut. Ils créent l’«Institution Saint Michel», un noviciat (annexe de celui de Caluire) et un lieu pour recevoir des retraitants pour des séminaires. C’est aussi cette année-là que furent construis la cuisine, la salle à manger, les deux réfectoires, un bâtiment avec des chambres, et que fut créé un parc d’agrément (parc actuel de la MFR de la Dombes)…
1889 : construction de la Grande Chapelle entre le château et la maison de la direction construite en 1853 et appelée «quartier St Jean-Baptiste de la Salle». Achèvement de l’escalier St Michel et du Bâtiment dit «quartier St Michel» (l’actuel bâtiment 1 de la MFR de la Dombes).
1890 : inauguration du cimetière.
1904 : arrêt du noviciat suite à la loi de suppression des Congrégations.
1913-1947 : installation d’un Juvénat formant des adolescents se destinant à l’enseignement chez les Frères.
1914-18 : retour du noviciat à la Saulsaie (celui de Caluire étant devenu un hôpital militaire).
1939-40 : installation d’un hôpital militaire.
1947 : départ de l’Institution pour St Bonnet le Château (Loire).
1976 : départ définitif des Frères. La propriété ne sera vendue qu’en 1981.
1981-2001 : L'IREO
22 avril 1981 : vente du Domaine de la Saulsaie par les Frères des Ecoles Chrétiennes à l’IREO de Jasseron.
1994 : achat à l’IREO par la MFR de Balan de la partie sud du site pour devenir une annexe pédagogique appelée Balan II
2001 : création de la MFR de la Dombes (ex-Balan II).